Le lait est encore au coin de ses lèvres, l’acné parsème sans doute toujours son visage, reste qu’à part cela, King Krule a tout d’un grand. Sa voix, son style, son répertoire, même s’ils rendent toute comparaison caduque, le rapprochent indubitablement de l’œuvre des plus illustres (Nick Cave, The Divine Comedy, The Streets et même Scott Walker). Même pour des fans d’Obispo, ces noms peuvent évoquer quelque chose.
A l’heure où sort, à 17 ans à peine, son éponyme deuxième E.P, l’ex-Zoo Kid opte pour le minimalisme et s’oppose clairement à la filiation des jeunes musiciens qui rejouent perpétuellement l’amère mélodie du « regardez, je sais faire de la musique donc je le montre ». Cigarette en bouche, l’anglais s’appuie sur un ton singulier, voire décalé. Car c’est dans les contrées soul que se baladent les folk-songs de King Krule, Archy Marshall à l’état civil. Enregistré entre la maison de ses parents et Londres, King Krule est un étrange chapelet de tragédie. Ses mots réclament une autre dimension. Une éloquence royale qui fera de ce jeune garçon bien plus qu’un nouveau roi d’Angleterre.