Après la déferlante de critiques autour du clip « Born Free », réalisé par Romain Gavras (membre du collectif Kourtrajmé, et auteur, entre autre, du clip de Justice « Stress »), où on voit pendant pas moins de 10 minutes des roux traqués par une dictature militaire aux couleurs de l’Amérique, puis sauvagement tués, exécutés, mutilés, explosés … bref le nouvel album de M.I.A., « /\/\ /\ Y /\ », ne laissait pas présager que de la joie !
Et c’est le cas sur la première moitié de l’album qui se déroule dans le bruit et la fureur. Le ton est donné par l’introduction de l’album « The message » :
« Head bone connected to the neck bone,
neck bone connected to the arm bone,
arm bone connected to the hand bone,
hand bone connected to the internet,
connected to the google,
connected to the government »
Le message serait donc le suivant : nos faits et gestes sur internet sont contrôlés par le gouvernement. On retrouve la M.I.A. engagée et qui a créé la polémique ces derniers mois.
« Steppin up » résonne aussitôt par des bruits grinçants de perceuses à faire siffler les oreilles ! Et c’est en troisième position qu’apparaît, de loin, le meilleur morceau de l’album « XXXO », déjà remixé par Jay-Z (morceau disponible en écoute sur Spotify).
« Teqkilla », « Lavalot », et « Story to be told », sont assez sauvages à la première écoute … il est difficile de les réécouter plusieurs fois de suite tellement ils sont saturés de bruits en tout genre.
Changement d’ambiance sur « It takes muscle », avec une ligne davantage reggae, reprise du groupe allemand Spectral Display « It Takes A Muscle To Fall In Love » (1982)
S’ensuit d’un morceau moins réussi, selon moi : « It iz what it iz », et du célèbre « Born Free », que je n’avais, au final, jamais vraiment écouté, tellement les images fortes du clip occultaient toute intention de s’intéresser au morceau. Là aussi il s’agit d’un sample du groupe Suicide « Ghost rider » (1972)
Puis la seconde moitié de l’album est totalement différente, moins violente et sauvage, et meilleure selon moi : coup de cœur pour « Meds and feds » titre très puissant, aux sonorités électro rock, suivi également du très bon « Tell Me Why », et du planant « Space ».
L’album va decrescendo, et se calme sur « Caps Lock », pour finir sur une note beaucoup plus douce et sucrée, que le début assez sauvage.
« Internet Collection », « Illygirl » et « Believer » sont également de bons morceaux, hélas, ils ne sont pas disponible à l’écoute sur Deezer, et seulement en extrait sur Itunes. Voilà une bonne raison d’aller acheter l’album !
« /\/\ /\ Y /\ » est donc la continuité parfaite de ses deux précédents albums « Arular » et « Kala » : le premier étant le nom de son père en tamoul, le second portant le nom de sa mère, et le dernier le sien : « Maya ». On pourrait donc dire que les deux premiers albums étaient en préparation de l’accouchement du troisième. Toute une symbolique, puisqu’elle a elle-même commencé l’enregistrement de ce dernier album après la naissance de son fils.
Elle est d’ailleurs montée sur scène le 8 février 2009, à Los Angeles pour les Grammy Awards, enceinte jusqu’au cou ! L’histoire raconte qu’après avoir interprétée le fameux « Paper Planes », qui l’a révélé au grand public suite à la B.O. de Slumdog Milionaire, son fiancé l’attendait à la sortie de la scène pour l’emmener directement aux urgences. Elle donne naissance à son fils quelques heures plus tard : Ikhyd
« Maya » est donc un album radicalement différents des deux précédents, on ressent les revendications, et la fureur de M.I.A, contrairement aux deux précédents davantage dans un esprit bollywood bienheureux.
Et voici mes recommandations pour apprécier l’album, si vous vous apprêtez à l’écouter : servez-vous un ou deux doses d’alcool fort, vautrez-vous dans votre canapé, mettez la musique de la chaine hi-fi très forte, tamisez la lumière, et laissez vous aller aux délires ! La violence de sons de certains morceaux résonneront à merveille dans votre cerveau !