Il était temps ! Presque un an après la sortie de son dernier album Swim et surtout de son dernier clip : Odessa, Daniel V. Snaith alias Caribou, renouvelle le genre avec Jamelia, nouveau single de l’artiste. Zoom sur ce clip signé Vidéo Marsh, déjà aux commandes d’Odessa, Irene et Humingbird.
La vidéo s’ouvre sur un paysage maritime masqué par un épais brouillard. La caméra porte notre regard sur un étrange mollusque, puis des roches, pour enfin nous faire deviner la présence d’une femme.
Arrêt sur image. Un regard grave. Absorbé. Le ton est donné dès la trentième seconde. Un clignement de cil appelle une montée dans les aigus. Des sons sourds.
Les stridences exacerbent la suspicion d’une scène à peine suggérée à l’ouverture du clip. La caméra se déporte sur un crabe.
Le paysage découvert n’a alors rien de comparable avec l’innocence des premiers instants. On sent que la brume cache quelque chose. Elle révèle l’angoisse, la stupeur. Et ces crustacés, ces insectes, ces mollusques que l’on sent menaçants, amorcent ce sentiment.
Ce regard, toujours le même. Il nous entraîne vers l’envolée d’un oiseau que l’on se surprend à suivre. Subjugué, fasciné par ce qu’il vit.
Cette action de planement, cette liberté, que nous ne connaîtrons certainement jamais de cette manière. Accompagné par les envolées lyriques de Daniel V. Snaith. Nouveau plan. Ces grandes étendues. Cette nature hostile. Sans vie. Cette jeune femme. Suivie par un homme. Retour sur ce regard.
Inquiétant, angoissé par la vision de ce que l’on devine être une arme, de ce que l’on sait désormais être son agresseur. Alors vient la fuite. Cette course que l’on sent sans issue, sur ce bras de terre, au milieu des eaux.
L’image s’obscurcie. Se pixellise. Nous laisse deviner un mouvement. S’arrête.
Dabiel V. Staith a cette capacité à nous plonger dans une ambiance, un environnement monté de toute pièce où se mêlent angoisse, stupeur et animaux. Ses clips qui font partie prenante de sa musique, se présentent comme un roman policier. On a le sentiment de lire un Giono. Une intrigue, un meurtre, une nature mystérieuse, menaçante, comme personnage à part entière du scénario.
Musicalement Caribou nous démontre une fois encore qu’il est un véritable alchimiste. Qu’il manie intelligemment les touches éléctro, pop, en y mêlant sa voix planante. Le tout marque ainsi sa mue définitive entre la pop de The Milk of Human Kidness, et le psychédélisme subtil, parfaitement dosé de The Swim.