Love Blood fait partie de ces albums, sans condescendance ni surcharge, qui vous scotchent dès le premier morceau. Puis les titres s’enchainent et empoignent tous vos sens et vos pensées, sans temps mort et sans vous relâcher une seconde. Pas la peine de tortiller, King Charles est génial.
Mais ce qui suscite notre admiration béate, c’est avant tout l’infinie variété de ses mélodies pots de colle. En le récompensant en 2009 par un Award du meilleur auteur/compositeur pour « Love Lust », ISC était déjà dans le vrai, tant ce nouveau roi d’Angleterre, à qui on demanderait bien ce qu’il prend comme vitamine, se démarque par sa facilité à composer des friandises multicolores à l’innocence joyeuse. Tel un génie qui ne ferait pas exprès de l’être, il évite ainsi les clichés d’une musique aux intentions mille fois balisées.
Si King Charles se distingue si aisément de la concurrence, c’est précisément parce que chez lui, les cavalcades rockabilly n’ont jamais paru si irréelles. L’enfance du jeune homme, passée dans les quartiers résidentiels de Londres, peut-elle expliquer à elle seule de tels agissements ? On ne dira pas le contraire en tout cas. Entre son groupe spécialisé dans les reprises de Kiss et son amour pour les protest-songs de Woody Guthrie et Johnny Cash, rien ne laissait présager, si ce n’est l’obsession littéraire des textes, le timbre pop de ses compositions.
D’un look loufoque, entre Dali et Bob Dylan (période Blonde On Blonde), dont l’excentrisme dépouille le baroque de ses détours, King Charles est prêt à faire danser n’importe qui, même les éléphants roses. Pour cela, l’anglais mélange aussi bien l’Afro-beat et le rock que le glam et la folk dans un style modulable à l’infini. Avec Love Blood, il vient de s’écrire le plus bel acte de naissance possible.
King Charles – Mississipi Isabel
King Charles – Love Lust